Le fromage c’est comme les livres, ça se partage !
Qu’est-ce que le fromage sinon la preuve folle de l’imagination débridée de l’humanité ? Réussir à créer des milliers (chiffre issu de mes rêves les plus fous) de variétés à travers le monde en partant d’un ingrédient simple. Comme les mots se mêlent à nos rêves banals, nos amours irréelles, nos craintes instinctives pour nous mener, sous la paume de mains travailleuses, dans des mondes fantasmés ; le mélange savant de différents ingrédients plus ou moins improbables fait naître ces morceaux de bonheur simple, variables en matière grasse, plus ou moins bleus, poilus, fleuris, pressés, durs, colorés, grainés, frais, affinés, vieux, jeunes, salés, mi-…, avec ou sans pédigrée, fondu ou fondant. Un fromage, c’est une histoire qui ne se ressemble jamais et que chacun vivra différemment, mais dont le partage brûle les doigts et l’appréciation le cœur.
Si tu en es arrivé.e là, chère lectrice, cher lecteur, c’est que tu as compris que cette page était le déversoir de mon amour immodéré (et un peu moqué, sache-le, les gens sont tellement méchants) pour le fromage. Et tu as envie d’en savoir plus, car toi aussi, tu l’aimes et tu te demandes d’ailleurs si tu vas te couper un morceau de Comté ou plutôt ne faire qu’une bouchée de cette rigotte qui traîne depuis 2 semaines au fond de l’assiette, cachée par un bout de chou-fleur (prends les deux, franchement.) pour continuer ta lecture.
S’il n’en restait qu’un
Et s’il ne devait en rester qu’un ? T’es-tu déjà posé cette angoissante question ? Moi oui. Et j’ai choisi, même si choisir c’est renoncer. Et c’est avec un Saint-Nectaire que je partirai sur une île déserte. Parce que cette odeur unique de terre et de roche, parce que ce goût si particulier qui fait résonner sa terre natale, parce que.
Le reste du plateau
Mais comme toutes les bonnes choses, on n’abuse pas du Saint-Nectaire (surtout au prix du kilo à Lyon, on va attendre de refaire un saut en Auvergne, hein…), et on découvre !
Les poilus
Ils n’ont pas vu les tranchées, mais peuvent avoir l’air en sale état. Et pourtant, ces (souvent) petits fromages à l’apparence douteuse car recouvert d’un fin duvet qui peut aller du gris au bleu sont de véritables étincelles gustatives !
Les fondants
À ne pas confondre avec les fondus, les fondants commencent moelleux, finissent coulants et nous obligent à leur courir après pour pouvoir les manger. Les regarder procure déjà un plaisir sans fin et un fond de culpabilité, vite dépassé par ce qui doit être un réflexe atavique. C’est gras, mais putain c’est bon.
Les évolutifs
Comme la vie, certains fromages sont plein de surprises. Et comme la vie, si on l’oublie derrière le quart de Saint-Nectaire, le fromage va continuer son petit bout de chemin. Il peut passer par le statut poilu ou fondant (voire coulant selon son humeur), il se rappellera à nous dans le stade odorant, ou bien, vexé, il ira directement à l’étape sécos, pensant nous faire les pieds, mais c’est mal nous connaître, on l’aime quand même et on ne regrette rien ! Les évolutifs sont meilleurs quand on se souvient de leur existence à chaque stade, la science nous remercie.
Les placides
Contrairement aux évolutifs, les placides sont relativement imperturbables. Relativement, car ils restent humains hein, même le plus posé des morceaux de Comté finira par se hérisser si vous l’oublier trop longtemps. Valeur sûre si vous aimez la stabilité, vous pourrez toujours compter sur eux…
Les foufous
Jaunes, rouge, verts, bleus (mais sans poils), ils sont recouverts de tomate, citron, poivre et graines en toute sorte. En général frais en dessous, le foufou aime se la péter avec des tenues improbables, et il se fout du qu’en dira t-on. On est bien d’accord avec lui, et même si parfois on se dit que mangue-cacao, c’était peut-être un peu trop osé, on ne pouvait pas le savoir avant d’avoir essayé, non ?
Les discrets coquins
Sous leurs airs classiques, ils cachent bien leur jeu. Une ligne de piment, une feuille de chartreuse, quelques herbes ou des graines bien planquées, les coquins aiment nous allumer les papilles avec des des saveurs simples et efficaces. Un accessoire indispensable en toute saison !
Les maltraités
La grande distribution et la mondialisation leur font du mal, et on les classe dans les fromages bateau, sans goût et sans intérêt. Pourtant, un saut vers les originaux, et ils reprennent la place qu’ils méritent sur le plateau, apportent leur poids et leur particularité. Sauvons les mozzas et autres fetas, les bûches de chèvre et les camemberts en boîte. LIBERTÉ !
Les fondus
Le froid, la neige, le ciel gris ou l’humidité givrante vous rendent guilleret ? Les premières douceurs du printemps, bien qu’agréables viennent avec un brin de nostalgie ? Oui, j’ai un ami comme ça aussi, qui voit dans les beaux jours de mars la fin de la saison des raclettes, fondues et Mont d’Or. Mais c’est pas grave, l’halloumi aussi c’est sympa, ça fond moins mais ça fait couic-couic sous la dent !
Cet inventaire non-exhaustif est amené à évoluer au fil du temps, de l’inspiration, et de l’achalandage de mon fromager, amen.