Un voleur et un déserteur se retrouvent au bord d’une route, chacun veillant à protéger sa peau pour différentes raisons. Le voleur ne veut pas devenir de la chair à gibet ni tomber entre les griffes de l’évêque. Le déserteur a quitté une armée pour en rejoindre une autre. Suédois, il veut se battre aux côtés de son roi, car le suédois est fait pour la bataille et la gloire. Tandis que le déserteur, Christian von Tornefeld est fat et expansif, le voleur, Piège-à-poules, se montre discret et rusé. Fin connaisseur des dangers de la vie clandestine, il se rêve, comme tout voleur qui se respecte, riche et installé. Il profitera de la naïveté du déserteur pour prendre sa place et s’inventer une vie inaccessible.
Ils s’étaient tenus cachés tout le jour et, à présent qu’il faisait nuit, ils traversaient une forêt de pins clairsemés. Les deux hommes, qui avaient de bonnes raisons d’éviter les rencontres, devaient veiller à ne pas être vus. L’un était un vagabond, un maraudeur de foire réchappé du gibet, l’autre était un déserteur.
Entre conte et épopée, Le cavalier suédois nous emmène sur les routes poussiéreuses de Silésie début XVIIIème siècle. Conte cruel et un peu faustien, il nous narre la destinée de ces deux personnages que rien ne rapproche et dont les vies vont pourtant s’entrelacer. Un meunier fantomatique, un évêque brutal et tortionnaire, un amour impossible et une troupe de bandits, tous les éléments du roman d’aventure sont rassemblés ici pour nous emmener dans une balade folle et passionnante. Mais là où Léo Perutz va plus loin, c’est avec cette dimension fantastique, presque mystique, qu’il dépose sur son histoire. On sent qu’on lit au bord du précipice, la question étant qui vacillera, quand et comment.
Tout cela laisse donc une trainée pleine d’émotion et de mélancolie, de celles qui font qu’une histoire a non seulement su nous toucher mais a su trouver comment nous parler.
Traduit par Martine Keyser
Éditions Libretto
214 pages