Étiquette : nouveaux espaces latinos

  • Propre – Alia Trabucco Zerán

    L’autrice chilienne nous revient après son puissant et prometteur premier roman La soustraction dans lequel elle racontait l’héritage des histoires familiales et la construction de soi au milieu des fantômes. Avec Propre, elle nous plonge dans l’intimité d’une famille aisée de Santiago racontée par leur employée de maison.

    Estela parle, elle parle, comme si personne ne pouvait l’arrêter. C’est d’ailleurs sans doute pour cela qu’elle est là, parce qu’on veut l’écouter. On veut connaître sa version, son histoire, elle qui travaille depuis tant d’années dans cette maison, avant la naissance de la petite puis après, elle qui a élevé l’enfant presque comme si c’était la sienne. Peut-être sait-elle comment, pourquoi la gamine est morte.

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  • Des cendres dans la bouche – Brenda Navarro

    Diego et sa sœur quittent le Mexique un beau jour, pour rejoindre leur mère en Espagne. Ils laissent derrière eux les cousins, la famille, les ami-es, les grands-parents, les habitudes, la violence. Quelques années plus tard, Diego se suicide, et sa sœur ramène ses cendres au Mexique, retrouvant pour la première fois depuis son départ sa famille et sa terre.

    Je ne l’ai pas vu, mais c’est comme si je l’avais vu, parce que ça me transperce le crâne et ça m’empêche de dormir. C’est toujours la même image : Diego qui tombe et le bruit de son corps qui frappe le sol. Et là, je me réveille et je me dis que ce n’est pas à moi que c’est arrivé, ni à Jimena, ni à Marina ou à Eleonora. C’est à Diego que c’est arrivé. Encore et encore, ce son dans ma tête, comme un coup frappé dans les côtes, comme une vitre qui se brise en mille morceaux contre un sac de sable, comme ça, tout à coup, sans avertir. Sec, contondant, le choc des côtes et des poumons contre l’asphalte. Comme ça : boum. Non, comme ça : bouuum. Non, comme ça : crak. Non, comme ça : trak, trakout. Non, comme ça : baaam, clap, crach, brouuum, brooom, grouuum, grrr, groooo… Et un écho. Non, aucun son ne peut décrire le bruit entendu. Un corps qui s’écrase contre le sol. Diego voulant être tapageur, voulant interrompre la musique de son corps. Diego nous laissant comme ça, suspendu entre nous. Diego, une étoile.

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  • L’occasion – Juan José Saer

    Bianco, auparavant Burton, après avoir affolé les planches en Angleterre et s’être attiré les sympathies prusses, part à la rencontre de Paris pour proposer les démonstrations de ses pouvoir télékinésiques et kinesthésiques. Mais il fait face à la fronde des positivistes et, humilié, part d’abord en Sicile et de là en Argentine, récupérer un bout de terre promis par le gouvernement dans la pampa.

    Dans la chaleur portègne, lourde et étouffante, il rencontre Antonio Garay Lopez, jeune médecin dont, hasard du destin, la famille est propriétaire de terrains jouxtant ceux de Bianco. S’il ne va lui-même que rarement dans ces contrées, par rancœur familiale, il garde malgré tout contact et visite Bianco. Mais un beau jour et alors que notre gaucho d’adoption revient d’une exploration de ses terres, il trouve sa femme assise lascive dans un fauteuil, face à Garay Lopez, suçotant un cigare et avec une expression de plaisir intense sur le visage, l’autre la regardant d’un air malintentionné. De cet instant, Bianco en est sûr, sa femme le trompe, l’a trompé avec son ami et associé.

    Appelons-le, tout court, Bianco. Qu’il se soit fait appeler Burton à certains moments de sa vie, comme il devait l’expliquer à Garay Lopez, ne se devait qu’à la couleur de ses cheveux, trouvant que s’appeler Bianco pouvait ruiner le crédit accordé à un rouquin. A. Bianco, peut-être, comme l’illustre souvent sa signature lente et soignée, au tracé laborieux et complexe, plus soucieuse d’identification que d’esthétique.
    A. Bianco, écho de ce qui, à d’autres époques, avec aussi été A, mais comme Andrex, A. Burton, et qu’il avait décidé de changer après ses démêlés avec les positivistes à Paris. Andrea Bianco peut-être ? A. Bianco en tout cas, c’est certain, bien que la majuscule première, au lieu d’éclaircir un peu le mystère, à l’inverse, l’épaississe, de sorte que, puisqu’il le préfère, et même si ce nom dément ses origines brumeuses et la couleur de ses cheveux qui, à quarante-six ans, foisonnent encore en touffes ondulées et cuivrées, nous allons l’appeler, pour simplifier, Bianco tout court.

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  • Terre noire – Rita Carelli

    Ana, dont les parents sont séparés, vit avec sa mère à São Paulo. Elle a peu de contact avec son père, un archéologue qui travaille en Amazonie sur les traces de peuplement dans la forêt. Lorsque sa mère meurt brutalement, il vient la chercher et lui propose de partir avec lui pour quelques mois dans le village qu’il habite dans le Haut Xingu, au cœur du Mato Grosso.
    Ce sera une expérience marquante pour la jeune adolescente réservée et bouleversée, qui changera le cours de sa vie.

    Dans la forêt, toutes les références se volatilisent, tout ce que la vie urbaine t’a enseigné s’avère inutile et, une fois perdue, tu finis tôt ou tard par te rendre compte que tu tournes en rond. On pense que c’est une façon de parler, une histoire si souvent répétée qu’on finit par y voir une vieille légende, mais c’est réel, ça se joue au niveau de notre perception, de notre sens de l’orientation. Certains disent que, parce que nous avons une jambe plus forte que l’autre, celle-ci dessine des pas un peu plus grands. Ce qui est sûr, c’est que, même si nous jurons avancer en ligne droite, nous finissons par suivre une lente et large courbe jusqu’à revenir à notre point de départ. A force de repasser au même endroit, tu peux reconnaître la forme d’une branche, d’un nid, d’une ruche, ou simplement être saisie par une sensation familière. Alors il faut repartir de zéro et recommencer.

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