L’enfance, l’âge des amitiés, des blessures et des défis à la con. Zero et son ami Secco en sont de grands pratiquants dans la cour de l’école Voltaire, tandis que les surveillants se galochent et sous le regard critique et blasé de leur copine Sarah. Un crâne humain, découvert lors d’une de ces expéditions, va provoquer bien des remous dans la petite école et dans la jeune caboche déjà pleine de tornades de questions du jeune Zero, des questions et des mystères qui auront un écho jusqu’à l’âge adulte.
Lectrice, lecteur, ma douce, je ne t’ai pas encore parlé de Zerocalcare par ici. Et pourtant, dans mon peu de culture BD, il a une place juste à côté de Riad Sattouf et Marjane Satrapi. L’auteur italien qui a grandi dans le quartier de Rebibbia à Rome, punk, anarchiste, engagé dans le tissu social et culturel de son quartier tant aimé, n’a pas son pareil pour conter les petites histoires du quotidien et en faire des fresques épiques et décalées, pour illustrer les tourments existentiels, des plus futiles (s’il en existe vraiment) aux plus tortueux. Avec beaucoup d’humour et d’émotion il nous raconte ses histoires et les vies qui sillonnent la sienne.
Il développe ici en trois temps la prégnance des histoires d’enfance, de ces aventures que l’on se créé et qui modèlent nos jeunes vies sans que l’on se doute de la résonnance qu’elles auront plusieurs années plus tard. La culpabilité d’une dénonciation honteuse, les secrets enfouis, les peines cachées. Zerocalcare se tient (et nous tient) en équilibre sur le fil de l’humour noir, de la dérision et du mal-être. Il tire sa peine, plein de remords, de regrets et de doutes, cherchant dans son enfance et sa jeunesse un peu de joie, ou la source de ses questionnements incessants.
Bourrée d’humour et de tendresse, Un poulpe à la gorge nous décrit autant les tourments intérieurs hérités des bêtises de l’enfance que des réflexions plus complexes sur l’évolution des relations au fil du temps, et la perception de la vie elle-même par un jeune homme qui essaie de comprendre le monde avec ce qu’il leur donne, à ses ami-es, son quartier, et à lui.
Merci au beau travail de traduction de Brune Seban, qui nous fait profiter du dialecte romain pour nous laisser au plus près de l’œuvre !
Traduit de l’italien par Brune Seban
Editions Cambourakis
207 pages