La peste et la vigne – Patrick K Dewdney

Alors qu’il combattait aux côtés des Vars, Syffe, notre jeune héros, a vu son mentor défait, sa dulcinée s’éloigner et lui-même enlevé par des marchands d’esclaves carmides. Il passera 5 années enchaîné à Iphos, entre mine et bûcheronnage, violence et maladie. Mais tandis que ses geôliers et ses compagnons d’infortune s’effondrent sous les ravages de la peste, Syffe s’enfuit, miraculeusement rétabli, et part à la recherche de sa chère et tendre Brindille, qu’il espère retrouver saine et sauve, comme l’a promis le pérégrin, du côté des Ronces, auprès des mystérieux et mystiques Feuillus.
C’est un périple plein de dangers et d’incertitudes dans lequel s’embarque Syffe. Fort de 5 années de plus, d’une bonne préparation physique travaillée dans les mines d’Iphos et bien qu’affaibli par la terrible peste marquaise, il parvient donc à s’enfuir de l’emprise des Carmides et se prépare à traverser de hautes et terribles montagnes. Il croisera dans son long périple les guerriers Arces, fiers et retirés, des gens de peu et de biens, des soldats et des mercenaires. Et plus il avance, ne gardant en tête que son amour pour Brindille, plus les autres et le monde semble lui rappeler qu’il n’est pas un jeune homme comme les autres. Le pérégrin et les Feuillus, en plus de sa flamme, pourront-ils lui donner sa vie ?

« Je passai cinq années de ma vie à Iphos.
Ma mémoire des mines est une chose laide et obscure, que je m’efforce d’effleurer seulement par accident et qu’il m’est difficile de coucher sur le papier. Malgré tout, le triangle restera gravé dans ma chair jusqu’au jour de ma mort, une marque indélébile de ce qui fut alors, et qui me privera toujours du luxe de l’oubli. Aujourd’hui encore je suis capable d’invoquer l’odeur de la fosse avec une terrifiante facilité. »

C’est donc après la description de ce petit pont de 5 ans que Syffe reprend son récit avec la lutte contre la maladie et la longue randonnée à travers ces magnifiques et mortelles montagnes qui dissimulent de nombreux secrets en leurs épines et ravines. Nous retrouvons avec plaisir le style poétique et très travaillé de l’auteur, et cette première partie montagnarde vrille les sens et nous replonge avec brio dans l’épopée du jeune garçon.

Il ne lui sera bien évidemment rien épargné pendant les presque 600 pages qui le sépare d’hypothétiques retrouvailles avec Brindille, et il découvrira que pendant ses 5 années d’esclavage, la guerre et le déluge de misère et de violence qu’elle essaime se sont également répartis sur nombres de comtés du pays. Il retrouvera d’ailleurs plus tard le fracas des armes, la franche ( ?) camaraderie et les massacres.

Notre Syffe maintenant jeune homme va donc voir ses croyances et principes durement hérités de la Pradekke mis à rude épreuve et devra trouver en lui et en les autres la force, la confiance, voire la foi, pour ne pas perdre pied. Mais alors qu’il s’accommode de la complexité des relations humaines, les ombres mystiques et fantastiques vont l’enlever de plus en plus et questionner ses origines, sa destinée et son véritable libre-arbitre. Syffe est-il maître (autant que faire se peut) de sa vie, suit-il un chemin tracé par d’autres, ou trace-t-il lui-même une histoire qui le dépasse ?

Au diable Vauvert
600 pages

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *